Dans la politique de sortie de violence initiée en Algérie, après « la décennie noire » des années 1990, des enfants nés et ayant grandi dans les maquis posent un problème épineux. Redescendus en ville, avec leurs parents, à la faveur de la loi sur la réconciliation, le cas de ces enfants âgés de dix ans et plus, continue à poser de sérieuses questions. Malgré les avancées notables qu’a pu réaliser la politique de réconciliation, le cas de ces « enfants sans existence légale » ou « enfants d’identité inconnue » semble avoir été, pour le moins, négligé. Le dossier de ces enfants est une sorte de point aveugle ; et leur cas pose un certain nombre de problèmes, à commencer par leur identification et l’établissement de leurs filiations. Leur difficile réinsertion dans une société mal préparée à les intégrer pourrait constituer une sorte de bombe à retardement.
Abderrahmane Moussaoui a enseigné à l’Université d’Oran avant de rejoindre, en 2000, le département d’anthropologie de l’Université de Provence qu’il a dirigé de 2005 à 2007. Depuis 2012, il est Professeur en anthropologie à l’UFR d’Anthropologie de Sociologie et de Science Politique à Lyon 2 Lumière. Il est notamment l’auteur de La violence en Algérie : Les lois du chaos (Actes Sud, 2006). E-mail: abderrahmane.moussaoui@univ-Lyon2.fr