Cet article commence par présenter le cadre de travail de Durkheim à Paris, c’est-à-dire les deux bibliothèques de l’ENS et de la Sorbonne qu’il fréquenta de 1902 à son décès en novembre 1917. Les traces qu’il a laissées dans les registres de prêts concernent un peu moins de 200 emprunts, surtout concentrés de 1902 à 1906 (67%). L’analyse de ce corpus passe par deux étapes : d’abord, en le triant par « disciplines » ou domaines de savoirs, en se fondant sur les cotations locales de ces deux grandes bibliothèques. Ensuite, en mettant ces emprunts en relation avec leurs usages et leurs destinations probables, comme dans notre article de 2014 sur les emprunts de Bordeaux. Pendant les quatre premières années, Durkheim consulta essentiellement des documents pour son grand cours d’histoire et sociologie de l’enseignement secondaire et universitaire (paru en 1938). On trouve ensuite des emprunts peu nombreux sur la religion (cours de 1906/1907), sur le pragmatisme (1913) et l’impérialisme allemand (1914). Ces emprunts donnent à voir un Durkheim avant tout enseignant, alors que ses recherches portaient, comme on le sait, sur les Formes élémentaires de la vie religieuse depuis 1894.
Matthieu Béra est enseignant à l’Université de Bordeaux et chercheur rattaché à l’IRDAP (Institut de recherche en droit des affaires et du patrimoine). bera@u-bordeaux.fr