Il est toujours hasardeux d’évaluer l’importance d’un livre à son format et à son nombre de pages. Ce serait en l’occurrence une lourde erreur que de sousestimer la portée de ce petit livre, sous le prétexte qu’il se présente comme la reprise écrite et apparemment « facile » d’une conférence donnée en mars 1996 dans le cadre du Cercle Condorcet. Mon sentiment est au contraire que cet ouvrage réalise, en 127 pages, une double performance intellectuelle et pédagogique. Il met d’abord à portée de lecteurs non nécessairement familiers des outils théoriques de la philosophie politique la thèse principale du livre majeur paru en 19851 quant au devenir de la religion dans les sociétés modernes. Il offre ensuite une perspective d’une cohérence lumineuse pour penser la mutation présente des idéaux et de la pratique de la démocratie : une mutation qui fait vaciller l’édifice de la laïcité à la française.