Il est devenu courant de comparer les processus de concentration d’habitants de même origine géographique, raciale ou culturelle dans des lieux identifiés et leur corollaires, le communautarisme, ou les phénomènes de ghetto, aux États Unis et en France notamment, où la tradition d’intégration républicaine avait jusqu’à des décennies récentes réussi à éviter toute perception de regroupement national ou ethnique. Or c’est faire une grave erreur que de comparer des réalités extrêmement différentes sans tenir compte des successions de situations urbaines, humaines et économiques qu’il convient de replacer dans leur historicité spécifique. C’est ce que nous tenterons dans ces pages, en restituant la situation d’avant et après la période charnière du début des années quatre-vingt. C’est en effet à cette époque que par une série de coïncidences temporelles est apparue en France la perception d’une spécificité de l’habitat émigré et de types particuliers d’immigration qui allaient mener à la réflexion actuelle sur la mixité sociale.