L'historien, en tant que sujet, est lié non seulement à son passé familial mais aussi à ses connaissances. L'histoire méthodique prétendait, au début, proscrire toute subjectivité, mettant l'historien à l'écart des recherches et de l'écriture. Or les événements et l'évolution historiographiques ont rendu caduque cette posture scientiste. Ce vingt-et-unième siècle voit les historiens s'impliquer ostensiblement dans leurs ouvrages. C'est le cas notamment avec Quelle histoire: Un récit de filiation (1914–2014) de l'éminent historien de la Grande Guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau. Nous verrons qu'un retour sur le choc de la guerre vécu par son grand-père paternel Robert Audoin permet de comprendre l'impact effroyable mais longtemps insoupçonné que celle-ci a eu sur le reste de sa vie ainsi que sur celle de Philippe Audoin, père de l'historien. La perspective ainsi découverte jette une lumière nouvelle sur le calvaire invisible vécu par d'innombrables véterans, mais aussi sur l'orientation des recherches de Stéphane Audoin-Rouzeau.
Nathan Bracher is Professor of French at Texas A & M University. He translated Ivan Jablonka's History Is a Contemporary Literature (Cornell, 2018). He currently focuses on contemporary French literature and history. Recent articles include “Écrire la [non]-violence: le cas de Laëtitia ou la fin des hommes d'Ivan Jablonka,” (Modern & Contemporary France, 2017); “Matters of Principle for Jérôme Ferrari: Science and Conscience, Ethics and Aesthetics in the Life of Werner Heisenberg,” (French Cultural Studies, 2019); and “Learning the Lessons of History and Literature: The Case of Éric Vuillard's L'Ordre du jour,” (History & Memory, 2019).