Cet article se propose d'étudier à l'aune du concept de « commandement » et des notions de « pacification » et de résistance, l'insurrection des populations de la Haute-Sangha et, plus particulièrement, des Bayas du territoire colonial de l'Oubangui-Chari entre 1928 et 1931. La révolte est imputable aux nombreuses contraintes induites par l'encadrement administratif et la « mise en valeur » économique coloniale de l'Afrique Équatoriale Française (AEF). La dissidence est alors centrée autour d'un messianisme incarné par Karinou dont l'objectif ultime est le recouvrement de l'ordre précolonial. D'où la mobilisation d'une variété de modes de résistance vis-à-vis du colonisateur. Or, la détermination de l'État colonial à rétablir l'ordre l'amène à user de la violence armée et de la répression judiciaire afin de venir à bout de l'insurrection.
Patrick Dramé est docteur en histoire moderne et contemporaine de l'Université Paris IV-Sorbonne et Professeur titulaire au département d'histoire de l'Université de Sherbrooke (Québec/Canada). Ses champs d'expertise portent sur l'histoire de l'Afrique, le colonialisme, la décolonisation et la construction des États-nations au vingtième siècle. Il est l'auteur de plusieurs articles sur les révoltes anticoloniales et le maintien de l'ordre en Afrique-Occidentale Française (AOF) et en Afrique-Équatoriale française (AEF) et les constructions mémorielles au Sénégal et en Guinée.