En Amérique latine, les revendications identitaires émergent depuis les années 1990 dans un contexte d’instauration de politiques multiculturelles et de droits octroyés aux populations autochtones. Cet article traitera de la situation particulière de l’Argentine, un pays peu connu pour sa présence indigène. À partir d’une ethnographie menée dans le nord-ouest du pays, nous montrerons l’importance de certains acteurs dans ce processus revendicatif : les militants autochtones. C’est par eux que s’opère la politisation de toute une frange de la population jusque-là invisibilisée. À travers l’analyse de la trajectoire de ces militants, nous verrons ce qui les distingue des autres villageois. Cela nous permettra de comprendre plus finement ce processus d’émergence politique de la part de groupes jusque-là marginalisés. Mais nous aborderons aussi les limites de ces luttes et la façon dont les militants peuvent être parfois muselés par des dispositifs étatiques pourtant en leur faveur à l’origine.
MAITÉ BOULLOSA-JOLY est anthropologue, Maitre de conférences à l’Université de Picardie Jules Verne (Amiens), chercheuse au CURAPP-ESS (UMR 7319, CNRS), et chercheuse associée au MASCIPO (EHESS). Elle a soutenu sa thèse à l’EHESS en 2006 sur le thème des revendications autochtones en Argentine. Elle poursuit ses recherches dans le champ de l’anthropologie politique, sur les mouvements identitaires et les politiques multiculturelles en Amérique latine. Elle a récemment coordonné un numéro de Problèmes d’Amérique latine sur les paradoxes et les ambiguïtés de l’application des politiques multiculturelles dans cette région (2015). E-mail: maite.boullosa.joly@orange.fr