À travers la métaphore d’un pont de l’interdépendance, cet article met en dialogue deux traditions – l’écoféminisme occidental et la pensée féministe amérindienne –, en se centrant sur deux intellectuelles et activistes : la philosophe australienne Val Plumwood et la leader yanacona Maria Ovidia Palechor. S’appuyant sur leurs convergences autour du territoire et des attachements entre les humains et envers les non humains, le propos de l’article est d’exposer la pluralité des voix féministes qui caractérise les nouvelles citoyennetés, et de ne pas l’étouffer sous la chappe d’une seule tendance occidentale du féminisme. À rebours des conceptions rationalistes de la citoyenneté fondées sur la préférence à l’identique (démocratie des frères), il s’agit de valoriser les attachements et la responsabilité relationnelle comme conditions d’une démocratie dysharmonique fondée sur la pluralité des voix.
PASCALE MOLINIER est professeure de psychologie sociale à l’Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité, où elle dirige actuellement l’Unité transversale de recherches en psychogénèse et psychopathologie (UTRPP). Elle est également directrice de publication de la revue les Cahiers du genre. Ses travaux portent sur les rapports entre travail, genre et sexualités et elle s’est en particulier intéressée aux activités féminisées du soin, ce qui l’a conduite à faire partie, avec Sandra Laugier et Patricia Paperman, des principales initiatrices des éthiques du care en France. Elle a également mené plusieurs recherches en Colombie notamment auprès d’employées domestiques. E-mail: pascalemolinier@gmail.com