Dans cet article, nous explorons le concept de situation, en-deçà et au-delà de sa thématisation par Sartre, à partir de L’Imaginaire, dans les Carnets de la drôle de guerre puis dans L’Être et le Néant. Notre approche se fonde sur un double mouvement : d’une part, une archéologie du concept de situation dans le contexte de la première percée de la phénoménologie en France dans les années 1930 ; d’autre part, une attention à son possible dépassement deux décennies plus tard. Dans une relation serrée avec les développements de la psychopathologie de son temps, il s’agit d’abord de situer la prétention de l’Esquisse d’une théorie des émotions à poser les bases d’une phénoménologie de « l’homme en situation », ensuite d’éclairer la reprise critique du concept dans Questions de méthode, dans l’exposition de la méthode progressive-régressive. En somme, il s’agit de montrer comment s’élabore progressivement chez Sartre une « herméneutique de l’existence » qui fait droit à la liberté, puis se donne les moyens d’en suivre l’action effective dans le monde.
Grégory Cormann et Jérôme Englebert enseignent à l’Université de Liège. Respectivement docteur en philosophie et docteur en psychologie, leurs travaux portent sur la philosophie française contemporaine et sur la « phénoménologie clinique ». Dans ce double contexte, ils s’intéressent conjointement à l’œuvre de Sartre, principalement à ses travaux sur le corps et les émotions, ainsi qu’à ses psychobiographies.
Grégory Cormann (Ph.D., Philosophy) and Jérôme Englebert (Ph.D., Psychology) both teach at the Université de Liège. Their works concentrate on contemporary French philosophy and on “clinical phenomenology”, respectively. From this double background, they are conjointly interested in Sartre’s oeuvres, and more specifically in his work on the body and emotions, as well as his psychobiographies.