Abstract
Avant même la fin de la Première guerre mondiale, des discussions s’ébauchèrent pour tenter d’imaginer l’Europe de l’après-guerre. Dans le cadre de cet article, nous nous intéresserons à un aspect particulier de ces discussions relatives à l’Europe nouvelle, la volonté affichée dans de nombreux textes d’aboutir à une réorganisation naturelle et scientifique du continent, avec la conviction sous-jacente qu’une telle réorganisation ne pouvait qu’aboutir à une paix durable, puisque chaque Etat aurait ainsi été à sa place légitime. Pour parvenir à cette cartographie parfaite de l’Europe, c’est avant tout à la linguistique, dans ses conceptions romantique et naturaliste, que l’on fit appel. Pourtant, au début du vingtième siècle, les idées romantiques et naturalistes sur la langue avaient été contredites et démenties au profit d’une conception sociale de la langue. Il faudra donc se demander pourquoi des idées scientifiques dépassées firent leur retour à ce moment particulier de l’histoire européenne.