Abstract
Can we talk about what we cannot conceive of? How far can the ethnographic gesture guide us into worlds that call into question what Collingwood described as our own (historically mutable) ‘absolute presuppositions’ from which we must spin our ethnographic propositions? ‘Witches, as the Azande conceive them, cannot exist’, wrote Evans-Pritchard at the start of a monograph aiming to prove the eminent rationality of Zande witchcraft beliefs. Taking as cases in point Evans-Pritchard's famous equivocations on the issue of coming to inhabit worlds of thought and action that the ethnographer takes to be based on mistaken premises as well as an example from my own ethnography, I argue that what Wittgenstein called ‘hinge propositions’ – on which doubt can turn, but which can never fall into doubt themselves – have long, and all invocations of ‘radical alterity’ to the contrary, both enabled and plagued the ethnographic enterprise.
Peut-on parler de ce que l'on ne peut pas concevoir ? Dans quelle mesure le geste ethnographique peut-il nous guider vers des mondes qui remettent en question ce que Collingwood a décrit comme des « présuppositions absolues » qui sont historiquement mutables et à partir desquelles nous devons élaborer nos propres propositions ethnographiques ? Evans-Pritchard écrit au début d'une monographie visant à prouver l'éminente rationalité des croyances sorcières des Zande : « Les sorcières, telles que les Azande les conçoivent, ne peuvent exister ». En prenant pour exemple les fameuses équivoques d'E.P. sur la question d'habiter des mondes de pensée et d'action que l'ethnographe considère comme étant basés sur des prémisses erronées, ainsi qu'un exemple de ma propre ethnographie, je soutiens que ce que Wittgenstein appelait les « propositions charnières » – sur lesquelles le doute peut tourner, mais qui ne peuvent jamais être mises en doute elles-mêmes – ont longtemps (et toutes les invocations de « l'altérité radicale » au contraire) à la fois permis et entravé l'entreprise ethnographique.